Face-to-Face - Traversées Africaines
July 20, 2021Exposition collective du 12 mai qu 15 juin 2021 avec Atsoupé, Tuli Mekondjo, Marielle Plaisir, Xiomara di Oliver et Uman.
À l’occasion de « Traversée Africaine », la galerie présente une
exposition collective « Face to Face » qui regroupe cinq artistes femmes
avec Marielle Plaisir, Atsoupé et Xiomara de Oliver, Uman et Tuli
Mekondjo du 12 mai au 15 juin 2021.
Élément essentiel de leur
l’identité, chacune des artistes explorent la question de la femme et
nous dévoile les limbes de leur inconscient. Dans cette exposition, le
corps et le féminin deviennent des lieux expressifs et subjectifs, un
terrain de liberté totale de création. Tour à tour, elles convoquent le
corps et l’esprit, la femme fantasmée, l’histoire, l’identité culturelle
et la solitude. A chacune appartient sa symbolique, sans contraintes de
temps ni d’espace, elles proposent de nouvelles visions de
l’iconographie féminine, multiples et colorées. Les pratiques de la
peinture, du collage, l’aquarelle, de la couture sont autant d’outils
qui leur permettent une réappropriation des canons et schémas de
représentations traditionnels.
Les œuvres d’Atsoupé, artiste
d’origine Togolaise, constituent un apparent paradoxe entre enfance et
souffrance qui les rendent particulièrement uniques. Ces figures
anonymes, ornées de laine, imprègnent les papiers dans des palettes
étonnantes et maîtrisées. Comme magnifiées, elles prennent vie dans des
bleu de Prusse, des rouges carmin, des verts de jade qui se superposent
et se mêlent dans des lavis virtuoses. L’artiste déploie une grande
puissance expressive dans ces visages inconnus, qui scrutent notre monde
avec une profonde mélancolie.
Uman, lui aussi, explore
le visage et l’âme dans toute sa complexité́ . Artiste afro-américaine,
transgenre, elle porte son imagination haute en couleur comme un
étendard, et invite à s’engouffrer dans l’inconnu, l’étrange. Se
libérant des fantômes du réel et de l’histoire de l’art, l’artiste fait
naître sa série, sombre métaphore : « TWOC (Trans Women of Color ») ».
Un ensemble de portraits de femmes transsexuelles, clownesques émergent
de l’ombre et vous regardent comme pour dénoncer non sans gravité
l’image qui leur est attribuée.
Née dans un camp de réfugiés en
Angola dans un contexte de guerre, les œuvres de Tuli Mekondjo, artiste
namibienne, explorent des questions d’identité et d’histoire, par le
mélange de divers techniques et matériaux : la broderie, la peinture, le
collage, la résine et du mil mahangu (aliment de base en Namibie). À la
manière du Douanier Rousseau, des formes humaines se dissimulent sous
des linceuls et émergent au milieu d’une splendide végétation. Les
oeuvres portent une couture centrale, une cicatrice discrète que l’œil
peine à découvrir. Inspirée par la peinture italienne de la renaissance,
certains de ses personnages portent l’auréole dans une lumière sublime
et poétiques proche du « chiaroscuro ».
Dans l’œuvre de Xiomara
De Oliver, la question de l’identité prime, elle examine le contexte
historique à travers la peinture, à la recherche d’archétypes qui
propulsent les corps de femmes amazones dans une peinture incarnée et
sensuelle. De Oliver aborde les problèmes contemporains liés à la race,
au genre et à l’identité, créant des images qui manifestent une
perversion des constructions sociales perçues, de l’érotisme, des
fantasmes et des récits liés aux femmes. Ses œuvres nous enivrent de
couleurs qui du vert pâle au rouge profond se révèlent être des terres
d’accueil pour des vénus aux carnations sublimées.
Enfin, la
série de dessins de l’artiste caribéenne Marielle Plaisir est une
variation de corps et de mouvements. Ses danseurs solitaires s’animent
au mileu d’explosions de matières : encre, fil doré et pierres swarovski
se déploient sur le papier. Equilibriste de la couleur, l’artiste
travaille sur des mélanges de vie et de fiction dans des récits
personnels et des récits historiques des Caraïbes touchant des thèmes
universels comme le pouvoir, la domination et les préjugés, le corps et
femmes.
Par un processus à la fois intime et généreux, ces cinq artistes
expriment de manière parallèle et croisée leur rapport ambigüe à la
figure. D’une œuvre à une autre apparaissent les vénus archétypées de
Xiomara de Oliver, les danseuses sublimées de Marielle Plaisir,
l’univers burlesque des créatures hybrides de Uman, les visages
mélancoliques d’Atsoupé et les corps voilés de Tuli Mekondjo.
Barbara Lagié